Concert Choeur Lyrique d’Alsace

Concert Choeur Lyrique d’Alsace

1-Choeur lyrique BreitenbachSi le bel canto avait encore à séduire, nul doute que ce Choeur serait un ambassadeur de choix, tant ses interprétations, autant dans le répertoire lyrique que sacré, font vibrer le public.
En ouverture, l’Ave Verum de Mozart. Les voix se font prière où se mêlent ferveur, respect, solennité. Puis, Veni Domine de Mendelssohn, supplique où choristes et soliste implorantes, captivent, bouleversent. Plus loin, une autre pièce de Mozart, « O voto tremendo », résonne comme un cri musical. Trois sopranos parfaitement à l’unisson déroulent une mélodie toute en nuances. Applaudissements généreux.
Le programme laissait la part belle à l’opéra italien, Verdi et Donizetti. Eric Vivion avoue être sensible « à la puissance émotionnelle de ces oeuvres ». Et l’émotion passe! « Va pensiero », (le « Choeur des esclaves »), tiré de Nabucco, opéra qui évoque l’épisode biblique de l’exil des juifs à Babylone, vibre et retentit comme un véritable hymne à la liberté. Voix intenses et pures qui donnent tout, envahissent l’église, deviennent poignantes, puis s’arrêtent abruptement: « Gerusalem », accompagné avec pudeur par l’orgue tenu par Michaël Barek.
Passer de la gravité à l’exubérance? Un pas franchi avec aisance par les choristes dans des mélodies ou ritournelles entraînantes, « D’immenso giubilo, Esultiamo, E l’Assiria ». Les femmes se font un brin coquines, moqueuses, des sourires malicieux s’échangent.
Les artistes sont costumés, des costumes faits maison, tous différents, qui transportent à la Belle Epoque ou en pleine Renaissance. Bijoux assortis, gants en résille, bibis à voilette ou grands chapeaux, plume à la coiffe pour les hommes, gracieux pas de 2, partitions habillées, la mise en scène est raffinée.
Autres grands moments: un extrait de Rigoletto chanté par Eric Vivion, ténor lyrique flamboyant. Très à l’aise seul sur scène, fougueux et sensible, une voix et une présence étonnantes, il charme l’assemblée. Annie Libis, soliste soprano dans Madre pietosa, vibrante, unit sa voix au choeur des hommes montés à la tribune. Intense, exaltant!
A l’orgue, Michaël Barek, soutient les choristes par un jeu subtil, tout en finesse, et étonne en interprétant, entre autres, une composition de César Franck, « Pièce héroïque ». L’église résonne de sonorités étranges, inhabituelles, tour à tour proches de l’accordéon ou du clavecin, qui alternent avec un grand jeu festif et majestueux. Mélange déroutant et insolite au final imposant.
Cet après-midi là, « la musique, nourriture profonde qui nous rend plus humain, plus vaste » selon Eric Vivion a enchanté les auditeurs qui ont manifesté leur joie par une standing ovation.

Derrière cette virtuosité se cache un travail de formation acharné et de répétitions bi-hebdomadaires. Chaque membre bénéficie en outre de cours de chant individuels avec le dirigeant pour « donner le plus possible de ce qui nous rend meilleur qu’hier et moins bon que demain ».
La soirée s’est poursuivie au caveau de la Mairie autour du verre de l’amitié.